Pour obtenir un sol de meilleure qualité et améliorer la rentabilité de la ferme, il vaut mieux avoir le plus de connaissances possible que d’y aller à l’instinct.
Pour faire de l’agriculture au Canada, on doit composer avec les extrêmes du climat, chaud ou froid, humide ou sec. Cette situation exige des agriculteurs de l’innovation, de nouvelles technologies et des pratiques de précision en agronomie qui sont reconnues partout dans le monde. L’an dernier, plusieurs d’entre eux ont eu affaire à une sécheresse extrême. Cette année, c’est l’inverse. Plusieurs régions ont même connu des inondations.
D’une année à l’autre, ces inondations bouleversent la gestion des éléments nutritifs et la stratégie de fertilisation. Actuellement, le problème s’accroît à cause de l’augmentation vertigineuse du coût des engrais, en particulier l’azote. C’est pourquoi l’adoption de pratiques de précision, comme l’application d’engrais à taux variable, peut faire une différence autant pour la santé de votre sol que pour la rentabilité annuelle de votre ferme.
Peut-être que vous avez appliqué de l’engrais azoté l’automne dernier ou que vous avez simplement ajouté des taux résiduels convenables après les récoltes décevantes attribuables à la sécheresse de l’été dernier. De toute les façons, si vos champs ont par la suite été détrempés, les taux d’azote et les apports d’autres éléments nutritifs risquent de s’en trouver modifiés.
Selon Garth Donald, agronomiste à Decisive Farming par TELUS Agriculture, « l’un des plus importants problèmes, c’est la dénitrification de l’azote ». « Lorsque l’eau scelle l’oxygène du sol, cela fait en sorte que l’azote se transforme en gaz d’oxyde d’azote. Ce gaz sort du sol sous forme de bulles dans l’eau et se dissout dans l’air. C’est ainsi que vous perdez cet élément nutritif. »
La dénitrification causée par l’excès d’eau peut vous faire perdre jusqu’à 45% de l’azote. Une partie de l’azote de vos champs peut également être lessivée. « En théorie, il peut s’en évaporer 40 pour cent sous forme de gaz et un autre 40 pour cent environ peut être lessivé; ce qui représente une perte totale de 80 pour cent », déclare Mr. Donald.
De plus, les taux de soufre peuvent aussi être modifiés mais différemment. Comme l’explique Mr. Donald, « le soufre ne s’évapore pas, mais puisque c’est un élément nutritif mobile, il a tendance à être lessivé de la surface vers les couches inférieures ». « Dans certaines cultures, il peut s’enfoncer plus profondément que le système racinaire. Nous avons même retrouvé le soufre à six pieds de profondeur. Peut-il revenir? Oui, mais dans les zones où il devient insuffisant, il faut compenser. »
À moins que l’humidité soit si forte qu’elle produise un ruissellement qui emporte le sol avec lui, vous n’avez pas à vous soucier des taux de phosphore ou de potassium. Ces éléments nutritifs ne sont pas mobiles et ne s’évaporent pas. « Dans l’ensemble, il s’agit d’éléments nutritifs relativement stables. Même dans des conditions extrêmement humides, si l’eau ne fait que stagner dans les champs, ils y resteront », dit M. Donald.
Les hypothèses peuvent vous coûter cher. Vous devez connaître avec certitude les taux d’éléments nutritifs contenus dans vos sols.
La dénitrification qui cause la perte de l’azote résiduel a plusieurs influences et répercussions. La meilleure façon, et la seule en fait, de connaître exactement les taux d’éléments nutritifs de votre sol consiste à en faire une bonne analyse. « C’est ce qui dressera le tableau le plus précis de la situation, selon notre expert. Si l’endroit est couvert d’eau, on ne peut prendre un échantillon de tissu sur aucune culture. Et le tissu n’indique que ce qui se trouve dans la plante, non ce qui reste dans le sol. »
La détermination de la distance et de la profondeur idéales pour le test variera d’un cas à l’autre. Elle exige une gestion intra-parcellaire intelligente, surtout après ces dernières années plus sèches qui ont amené les cultivateurs à semer sur une plus grande étendue, notamment dans les zones concaves qui ont normalement tendance à drainer l’eau. Mr. Donald dit que ces zones en particulier risquent d’être touchées. Cependant, il ne faut pas oublier qu’il s’agit de surfaces qui ne sont généralement pas exploitées lors d’une année normale de production. Comme chaque ferme est unique, la collaboration avec votre agronome peut vous aider à déterminer la meilleure approche à adopter pour l’analyse des sols.
Si vous savez précisément ce qui se passe sous la surface de vos champs, le programme de fertilisation à taux variable vous permet d’épandre exactement ce qu’il faut à l’endroit où votre sol en a besoin. Cet outil se révèle particulièrement utile lorsque les coûts des engrais atteignent des sommets tandis que le prix des marchandises fracasse également des records. Les enjeux sont élevés. «Le plus important est de savoir ce dont vous avez besoin, selon Mr. Donald. L’année dernière étant marquée par des taux résiduels très élevé, il faut donc éviter de fertiliser en outrance cette année. Même avec ces conditions extrêmement humides, nous constatons une grande différence de croissance des plantes qui absorbe malgré tout les engrais. »
Quand vous employez des pratiques agronomiques et des outils de précision pour prendre soin de votre sol et restaurer les éléments nutritifs où cela est nécessaire, le résultat s’en trouvera amélioré à la fin de la saison. « Vous devez savoir ce qui se trouve dans votre sol et apprendre à gérer les dépenses en engrais de la façon la plus efficace, déclare Mr. Donald. C’est exactement ce que fait la fertilisation à taux variable sur la ferme. »